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« Il faut être passionné, sinon tu ne tiens pas » par Benoît Ruiz

Benoît Ruiz est professeur de télévision à l’EDJ mais aussi correspondant pour BFM TV à Nice. Nous l’avons suivi pour connaître son quotidien.

Benoit Ruïz

Multi-casquettes. S’il y a bien un adjectif qui peut définir Benoît Ruiz, c’est celui-ci. Dans son bureau aux Studios de la Victorine à Nice, il enchaîne les coups de l pour son rendez-vous du jour. « Je suis sur le sujet depuis hier », lance-t-il, un peu pressé. Un message vocal, un texto et un appel suffisent, pour le moment. « C’est un sujet qui n’est pas très évident. Je dois parler de la réforme du chômage. Je suis déjà rentré en contact avec une association qui doit trouver un demandeur d’emploi. Le plus difficile c’est de trouver quelqu’un qui veuille bien parler face à la caméra », précise-t-il. 

Son téléphone sonne. Une bonne nouvelle au bout du Fil. Le rendez-vous est prévu pour 14h30. Pendant ce temps-là, Benoît en pro te pour nous montrer quelques reportages qui l’ont marqué. « Il y a des sujets, des témoignages qui ne peuvent pas laisser insensible. A partir du moment où il y a du malheur, il faut pouvoir encaisser », affirme le journaliste. 

Des morceaux d’histoire

Le crash de Germanwings, l’effondrement du pont de Gènes et plus récemment les manifestations des « gilets jaunes », Benoît Ruiz touche à tous les sujets. « Il faut être passionné, sinon tu ne tiens pas », lance-t-il. 

Des événements marquants, mais qui forgent le caractère. « Quand on allait sur les manifs, on avait des gardes du corps. Le problème c’est que les gens s’étaient mis en tête qu’on était les méchants. On se faisait cracher dessus, insulter. Quand ça commençait à chauffer, les gardes nous exfiltraient du cortège. On ne pouvait pas prendre de risque. Et puis de toute façon, qu’est-ce que tu veux faire contre trente personnes ? » 

Un travail délicat, surtout quand il faut savoir se débrouiller seul. « J’ai fait des duplex en direct en pleine manifestation. Je peux te dire que ce n’est vraiment pas évident quand tu as quinze personnes qui hurlent juste derrière toi », raconte- t-il. Et d’ajouter : « Quand tu as fait ça, tu peux faire n’importe quoi. C’est l’épreuve ultime du direct ! » 

Journaliste ou réalisateur ?

Sur le terrain, Benoît change de casquette. Fini le journaliste qui pose simplement des questions. Avec une caméra à l’épaule, tout ce qui compte, c’est l’image. « Il faut absolument guider les gens. Tu ne peux pas les laisser faire ce qu’ils veulent. Tu ne peux pas avoir un bon résultat si tu ne prends pas le temps de faire des bons plans », explique le professionnel. Début d’après-midi, le journaliste arrive en avance au lieu de rendez-vous. 

Aujourd’hui, c’est au Splendid Hôtel à Nice. Mais cela aurait pu être n’importe où. « Je couvre tout le périmètre qui s’étend de Toulon à Gènes. S’il y a une grosse actualité, la rédaction de Paris m’appelle et je dois pouvoir y aller. Heureusement que ma femme peut s’occuper des petits quand je suis absent. » En sortant de sa voiture de fonction, il ouvre le coffre. Une caméra, un trépied, et un boîtier pour pouvoir envoyer ses images à la rédaction parisienne. « C’est un peu lourd, donc quand tu pars à deux c’est plus sympa », lance Benoît en riant. 

Arrivé sur le lieu de rendez-vous, il repère les différents cadrages possibles. Lumière, fond sonore, tout est analysé. Une fois ses affaires camouflées derrière un pilier dans le hall de l’hôtel, il allume sa caméra. « Je fais mes réglages avant que les gens n’arrivent. La balance des blancs, le focus, la luminosité. Je m’occupe même du son. C’est comme ça que tu as les meilleurs résultats ! » 

« Il faut être imaginatif »

Ses contacts arrivent. Deux membres d’une association venant en aide aux demandeurs d’emploi, et une bénéficiaire. Benoît discute avec eux. Il leur explique comment va se dérouler le tournage. « On va aller dehors pour filmer votre arrivée. On fera plusieurs prises pour construire la séquence. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Les trois personnes le suivent et font ce qu’il demande. En moins de cinq minutes, la séquence est tournée. Plusieurs plans, plusieurs questions, le tout très naturel. « Il faut les mettre à l’aise sinon ça prend plus de temps parce qu’ils se trompent ou répondent à côté. » Heureusement pour lui, ce sont de « très bons clients. » Une fois installés autour d’une table, les intervenants discutent. Benoît doit multiplier les points de vues. « Je fais des plans serrés sur les yeux, les mains. Je m’aide des miroirs. Je les filme de face, de dos, je joue sur le focus. » Il change de position presque toutes les minutes. 

Une demi-heure de tournage en continu et un résultat satisfaisant. « C’est pas mal, les images sont bonnes. Sur ce genre de sujet très statique, il faut être imaginatif », sourit-il. L’heure est à l’envoi. « On utilise un boîtier pour envoyer les images à la rédaction de Paris. Ce sont eux qui s’occupent du montage et du commentaire. Pendant que la vidéo se transfère, je leur écris un mail avec toutes les informations et les détails qu’ils pourront utiliser », explique Benoît. Un système qui l’arrange : « Si je dois faire le montage, je me rajoute trois bonnes heures de travail. Ce serait un rythme quasi insoutenable. » Fin de tournage, n d’envoi et n de journée. La même chose l’attend demain. 

Rémy Graptin 

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